Elle met en récit les aventures des personnages mythologiques, fantastiques et bien d’autres, peuplant les œuvres choisies, et revisite la légende des Arcadiens.
L'exposition présentée dans la salle des Actualités, met en récit les aventures des personnages mythologiques, fantastiques et bien d’autres peuplant les œuvres présentées. Conçue par le Service des publics, en partenariat avec le Centre hospitalier de Cadillac, elle réunit une quarantaine de peintures et d’œuvres graphiques de la collection permanente du musée pour une invitation à la rêverie poétique inspirée de la légende des Arcadiens.
Il était une fois une jeune bergère, gardant son troupeau dans une clairière du royaume de Pan, à l’endroit précis où serait né Zeus, lui-même…
Alexandre Antigna, Marchand d’images, 1862 (vers) © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, photo L. Gauthier.
Dans l’Antiquité, les Arcadiens étaient considérés comme les premiers habitants des montagnes du Péloponnèse en Grèce, vivant de manière simple et rustique dans une nature pastorale idyllique. Ils incarnent un âge d’or auquel nous aspirons toujours. L’Arcadie, lieu de bonheur et de concorde, trouve sa première expression littéraire avec les Idylles du poète grec Théocrite (IIIe siècle av. J.-C.), qui décrit les charmes de la vie pastorale dans son île natale de Sicile. Les Bucoliques de Virgile, poète latin (Ier siècle av. J.-C.), font de même pour la campagne italienne deux siècles plus tard.
Albert Besnard, Chasseur dans un paysage lacustre, 1917 © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, photo F. Deval.
Au cours des siècles, poètes, écrivains, artistes, ont remis à l’honneur, comme alternative aux effets néfastes de la guerre, de l’ère industrielle et à l’arbitraire de la violence, le mythe antique et païen de l’heureuse harmonie de l’homme avec la nature. Ils rappellent que l’histoire du monde a commencé par un âge d’or et que l’Arcadie en était le pays d’élection. Les œuvres présentées dans l’exposition célèbrent l’attachement à la terre ancestrale et à ses beautés, l’évocation lyrique des amours et des amitiés et le pouvoir de glorification et d’enchantement de la poésie. Les histoires se nouent au cœur de paysages sereins, mais même dans un pays idéal, nul n’échappe au destin des mortels.
Théodore Caruelle d’Aligny, Paysage avec l’enfance de Bacchus, XIXe siècle © Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
▶️ PARCOURS DE L’EXPOSITION
L’exposition Contes au Pays d’Arcadie comprend onze sections.
✔️ Il était une fois…
Les premiers tableaux de l’exposition évoquent l’importance des illustrations dans le quotidien des enfants. L’activité onirique est sans aucun doute une des principales voies d’accès à l’imaginaire. La construction de cette réalité intérieure, à travers les images, se développe dans les plus jeunes années des enfants.
✔️ Et in Arcadia ego
L’exposition se poursuit avec des oeuvres mettant en scène des paysages arcadiens et notamment la copie du célèbre tableau de Nicolas Poussin (1594-1665), Les Bergers d’Arcadie qui dépeint des bergers déchiffrant l’inscription « Et in Arcadia ego » gravée sur un tombeau, considérée comme un memento mori.
✔️ Paysages idylliques
Au cours des siècles, les artistes se sont plu à imaginer des paysages où l’harmonie, la beauté, la perfection idéale s’allient au bien-être de l’homme. C’est le mythe de l’Âge d’or.
✔️ Flore
Flore, déesse du printemps, des fleurs et de la floraison constitue un personnage idéal pour incarner l’idée d’une permanence. Elle règne sur l'empire des fleurs, des champs cultivés et le printemps éternel.
✔️ Héros et forces obscures
L’Arcadie symbolise un monde idéal où règnent la paix et l’harmonie. Pour le récit des contes, héros et êtres maléfiques, dans leur lutte pour défendre leurs valeurs, peuvent à
tout moment menacer l’équilibre fragile du lieu.
✔️ L’Arcadie menacée
L’oeuvre présentée à côté de L’Incendie d’un port la nuit de Pierre-Jacques Volaire évoque l’Arcadie bucolique, un lieu d’enchantement dans lequel les personnages semblent en parfaite harmonie avec la nature. Elle présente un bonheur parfait, qui ne fait pas oublier qu’en dépit d’une apparente stabilité, l’Arcadie semble pourtant fragile et vulnérable. À tout moment drames, guerres, incendies peuvent anéantir cet idéal.
✔️ Renaud et la forêt enchantée
L’exposition se poursuit avec l’évocation de la forêt enchantée. L’oeuvre de Charles-Louis-François Quinart représente un épisode du poème épique italien, la Jérusalem délivrée du Tasse (1544-1595), dans lequel Renaud, un prince chrétien, est piégé dans le jardin d’Armide, une magicienne qui s’éprend de lui alors qu’elle voulait le tuer. Il faudra qu’il s’éloigne de la forêt pour rompre son emprise.
✔️ Le monde de l’enfance
Trois oeuvres illustrent les étapes et le quotidien joyeux des enfants, caractérisés par l’énergie vitale et l’imaginaire indispensable, pour interpréter des événements du quotidien, et inventer des histoires et des contes.
✔️ Le pays des rêves
Trois oeuvres évoquent ensuite l’univers du rêve avec des personnages en pleine action, au beau milieu de paysages lacustres et rocheux où tout semble possible.
✔️ Pastorales
Cette section permet d’évoquer le thème de la pastorale qui trouve sa source dans la littérature antique, telles les Églogues de Virgile. L’oeuvre Lysidas et Méris de Jean-Ferdinand Chaigneau (1830-1906) dépeint le dialogue de deux bergers dans un paysage champêtre idéalisé.
✔️ Dénouement
La dernière cimaise de l’exposition offre le dénouement possible du conte au pays d’Arcadie, autour d’une oeuvre singulière de l’artiste bordelais William Laparra (1873-1920), intitulée Le Chevalier et la Destinée. Après de nombreuses péripéties, le suspense retombe, le danger n’est plus, un nouvel équilibre rend vraisemblable la situation finale du conte.
Deux contes sont à écouter gratuitement sur votre smartphone depuis le site Internet du musée (Rubrique Expos-Evénements/Contes au Pays d’Arcadie) ou depuis l’audioguide du musée. Une version en audiodescription est également disponible.
En savoir plus : https://www.musba-bordeaux.fr
Du jeudi 20 janvier au lundi 13 juin 2022.
Isabelle Beccia, docteure en histoire de l’art et chargée de la médiation institutionnelle, commissaire de l'exposition.
Interview réalisée par Frédéric Dussarrat